Par Esther Girard, ing.
Le 18 février 2007
CSAR 1972-1974
Jadis le CSAR avait comme rituel de se réunir chez nos parents autour d’une
pizza congelée McCain et d’un gâteau pré-mélangé Duncan Hine (deux éléments
cruciaux dont j’assumais avec sérieux l’importante responsabilité ainsi que
celle de l’arrangement de la table, cela en échange du grand privilège de
pouvoir faire le service), et voilà que par miracle nous nous sommes tous
retrouvés 35 ans plus tard dans un nirvana sensoriel et gustatif à la limite de
l’imagination. Le reste de cette journée mémorable et inoubliable du 17 février
2007, et son organisation, étaient dans les mêmes proportions : délirantes.
Inimaginables.
En fait, il ressort de tout cela un résultat surprenant : c’était comme une
ancienne soirée du CSAR mais elle était magnifiée par l’expérience de nos vies
d’adultes et elle est soudainement devenue une soirée thérapeutique où la vérité
occultée dans notre jeunesse est tout à coup apparue au grand jour comme par
magie. Oui, car les deux générations successives du CSAR se sont spontanément
unies pour reprendre les grands sillons archétypaux de notre dynamique de
groupe, fonctionnement jusque là demeuré secret pour chacun d’entre nous.
Le scénario de toute cette histoire sociale et scientifique du CSAR, dans le
fond c’était le mélange des deux films mythiques: Sabrina et October Sky. Oui,
mes chers et chéries, voyons voir cela :
« La fille du chauffeur d’un riche marchant cherche à repositionner vers le haut
son statut social et elle entraîne dans sa quête grandiloquente un groupe de
jeunes rêveurs qui veulent lancer des fusées ». S’ensuit une série loufoque
d’amourettes et d’intrigues de plus en plus complexes qui l’impliquent, elle et
sa grande amie, avec un nombre restreints de protagonistes qui sont tout à tour
réutilisés jusqu'à satiété (sans doute à cause du budget limité).
Grâce aux privilèges obtenus par le travail frontière du père de la principale
héroïne, l’ensemble de la distribution s’implique progressivement dans des
voyages qui sont presque à l’image des expériences des jeunes des familles
bourgeoises ou professionnelles de la cité. Vie rêvée mais éminemment
inaccessible à chacun de ces jeunes désargentés et marginalisés.
Or pendant que l’aventure sentimentale progresse inexorablement vers l’âge
adulte, le rendez-vous hebdomadaire autour de la table se transforme peu à peu
en ligue d’improvisation entre les deux incontestables et incontestées vedettes
principales, et cela les entraîne dans des joutes oratoires débridées et
énergisantes plus qu’au superlatif. Euphorisantes.
Cependant, attention, dans la foule des badauds innocents et lourdauds
nécessaires à l'appréciation d'un tel show, dans l’ombre de leur insuccès
amoureux, quelques sombres personnages secondaires et mésestimés travaillent
discrètement à des projets scientifiques de plus en plus audacieux qui
deviennent éventuellement de vraies perles de créativité et d’originalité.
Trente cinq ans plus tard, la vraie vie a parlé. Les intrigues, ça il y en a eu.
Des déceptions et des chagrins aussi. Mais en dépit de tout, de la NASA à la
planification stratégique du Québec ou à l’éradication futur du cancer, l’amour
véritable a fleuri un partout et ce soir-là, Messieurs Dames, aussi surprenant
que cela pouvait être derrière le show de nos divas, on a tous vu qu’aujourd’hui
: C’est enfin la revanche des introvertis!
Merci milles fois !